Le ministère de la Justice a publié dans son bulletin Infostat d’avril 2014 intitulé «Une approche statistique de la récidive», une analyse sur la période de 1996 à 2011 du parcours des 500 000 personnes condamnées en 2004 pour des délits ou des contraventions de 5ème classe (Infostat Justice n° 127, avr. 2014).
Cette étude «permet de dégager quelques constats structurels sur la récidive des personnes condamnées» à partir des seules données du casier judiciaire national : âge, sexe et antécédents judiciaires. Sont donc exclus de cette étude les facteurs socio-économiques ou comportementaux.
Selon l’auteur Rémi Josnin, statisticien, «le fait de récidiver et la rapidité avec laquelle un condamné va récidiver sont influencés par deux facteurs majeurs : l'âge et la présence d'antécédents judiciaires. Plus un condamné est jeune (moins de 26 ans), plus il aura de risques de récidiver et plus il le fera rapidement. De même, un condamné déjà récidiviste sera aussi plus enclin et plus prompt à récidiver». «Un condamné qui était mineur lors de l'infraction initiale a 1,5 fois plus de risques de récidiver qu'un condamné âgé de 18 à 25 ans et 2,2 fois plus qu'un condamné ayant entre 30 et 39 ans». Le risque de récidive semble par ailleurs diminuer avec le temps. «Plus un condamné va tarder à récidiver et plus son risque de récidiver (...) va diminuer».
Parmi les personnes condamnées en 2004, 41 % avaient déjà été condamnées auparavant et 45 % d'entre elles ont récidivé entre 2004 et 2011. «Un quart a récidivé dans les deux premières années et 14 % dès la première année».
Selon cette étude, la propension à récidiver est toutefois très différente selon que le condamné a ou non des antécédents judiciaires: les « primo-condamnés » en 2004 sont 32 % à avoir récidivé contre 63 % pour ceux ayant déjà des antécédents judiciaires en 2004.
Quant aux types d'infractions, il a été relevé que «la récidive à l'identique domine nettement en matière de trafic ou d'usage de stupéfiants (46 %), de vols, recels aggravés et escroquerie (44 %) et de violences volontaires (40 %)». Certains contentieux «présentent au contraire des taux de récidive faibles comme les atteintes aux mœurs, le travail illégal, l'abandon de famille, ou les atteintes d'ordre économique et financier».
Il est enfin à noter que «les infractions à la sécurité routière (conduite en état alcoolique, conduite sans permis, défaut d'assurance, grand excès de vitesse, etc.), représentent 40 % des condamnations de 2004 soit 200 000 personnes, et constituent une délinquance particulière, par sa fréquence et par la variété des profils touchés : 43 % des personnes condamnées pour une infraction routière en 2004 ont récidivé et sept fois sur dix pour le même type d'infractions».
